Tourisme industriel en Ligurie

Par Alexandre

En bloquant la date plus d’un mois à l’avance, un vendredi au creux de l’hiver, nos chances de réussite étaient minces. Autant dire que notre envie d’aller voler pour la journée, ne suffirait peut-être pas à s’attirer la clémence d’Eole. Notre intention était néanmoins posée, et le plaisir escompté à nous retrouver, renvoyait le doute à une question secondaire.

Il serait exagéré de dire que la météo, surveillée les jours précédents, se présentait de façon glorieuse, comme ce fût le cas l’an dernier, lors de notre voyage à Mende, en zone libre…
Pas catastrophique non plus, le Sud Est étant relativement épargné par le front occlus tempétueux, coupant la France en deux à mi-hauteur, le matin de notre départ.

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Temsi Europe le matin du départ

Restait à savoir où nous pourrions aller.
Avec le souvenir des aventures italiennes de l’an dernier, nous avons pensé qu’un vol vers l’Italie joindrait l’utile à l’agréable. Non seulement nous pourrions manger ce jour-là de vraies pâtes al dente, mais nous aurions également à, prévoir soigneusement notre navigation, déposer un plan de vol VFR pour l’étranger avec l’Autorouter, et se préparer à bavarder en Anglais avec les contrôleurs Milanais.

Depuis Aix, l’aérodrome italien le plus proche est Albenga. C’est un aérodrome côtier, très proche du village Villanova d’Albenga, où sont notamment conçus et construits les superbes turbopropulseurs Piaggio Avanti, rencontrés à Chambéry il y a quelques années… Mais c’était un autre vol, et maintenant un autre souvenir.

A Aix, le ciel était plutôt dégagé, et invitait à prendre une route aussi directe que possible pour rallier notre destination, en tenant compte du relief (les Alpes se jetant abruptement en mer), et des zones de contrôle aérien (et plus particulièrement de Nice).
Toutefois, l’étude de la météo en route a révélé une troisième contrainte: si Le Luc et Hyères jouissaient encore d’un ciel dégagé, les choses se gâtaient sur la Côte d’Azur. Cannes et Nice, se trouvaient ainsi coincées sous un ciel bas et lourd, une couche nuageuse entièrement soudée, si bien que le projet de se faufiler dans une trouée à l’arrivée, semblait hors de portée. A destination, la situation semblait vaguement meilleure, mais sans véritable espoir.

La route alternative consistait à se diriger vers Saint-Tropez, puis à débuter la descente sous les nuages avant que la couche épaisse ne se soude tout à fait, et ainsi finir en radada, le long du transit-côtier-Azur, à l’altitude qui permet habituellement d’observer les cétacés en méditerranée, quand ces derniers sont de sortie…

Pleins complets, et d’accord sur le projet de route, nous nous sommes alignés en piste 32 pour un décollage immédiat. Nous faufilant à travers un trafic dense au départ, nous avons pris la route de STP par le Var, aux alentours de 4000 pieds, avant de constater la situation météorologique: approchant le trait de côte, à hauteur de la Mole, une couche nuageuse maritime s’était constituée. Nous avons plongé en dessous, et poursuivi jusqu’à 500 pieds mer. La suite du transit avec les contrôleurs de Cannes, puis de Nice, puis la frontière.

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La défiscalisation dans le creux du Caillou

Ca c’est Monaco, installée dans une calanque à peine plus grande que celle de Morgiou, il fallait y penser… Les hélicos vont et viennent de la cité enclavée, et Alban fin connaisseur, identifie la totalité des appareils de la gamme d’AirBus Helicopters en vol ce jour-là… Passée la frontière, ligne virtuelle seule visible sur la carte de navigation, nous nous trouvons presque seuls. A basse hauteur, cachés par le relief, nous n’avons plus de contact radio. Les villages côtiers défilent, et nous voyons apparaitre et disparaitre, l’autoroute suspendue qui rallie Menton à Gêne, avec amusement, car nous sommes à la même hauteur.

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Nous passons le long de San Remo, terne sous ce ciel gris, et commençons à réfléchir à notre arrivée. La dernière météo avait une allure rassurante (quelques nuages à 3000 pieds, fragmentés à 4500 pieds). Il faut aussi savoir que l’aérodrome d’Albenga est logé un peu à l’intérieur des terres, enclavé dans le granit, et à basse altitude, seule la vallée peut être empruntée pour éviter le relief.

A quelques minutes de l’arrivée, le ciel se charge, avec des nuages plus nombreux, plus bas, accrochant le relief, et empêchant la poursuite du vol à 1000 pieds… La météo que nous avions d’Albenga ne reflétait donc pas les environs, et nous faufilant, nous nous demandons si la vallée ouvrant la voie jusqu’à la piste, sera ou non dégagée.

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L’AFIS, sympathique, nous donne le dernier vent, et propose les deux QFU. En 27, nous aurons un peu de vent arrière, mais éviterons la manoeuvre autour de la piste encaissée, pour nous présenter face à l’Est. Nous avons finalement retenu l’option 27, avec 7kt de vent arrière, dans les limites du raisonnable (et avec une longue piste disponible).

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Installations de Piaggio, où est construit l’Avanti P180

Pris en charge par le marshaller en fonction, nous nous parkons face au terminal rutilant, et sommes accueillis par cet homme, et la chef des opérations brièvement contactée par téléphone avant le départ.

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Plus ou moins seul à Albenga, hors saison

Nous fermons le plan de vol VFR via Telegram, déclinons notre identité, puis partons sur la route qui mène au village, en quête d’une Trattoria. Devisant de tous les sujets aéronautiques laissés de côté, autour d’un excellent plat de raviolis, nous évoquons aussi la bonne humeur et les progrès d’Elsa auprès de ses parents 🙂

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La trattoria qui nous n’attendait plus que nous

De retour à l’aérodrome, nous nous interrogeons sur nos chances de repartir. Nous décollons finalement face à l’Est, en direction de la mer, et traçons notre route à travers les nuages bas, ces derniers ayant tout particulièrement élu domicile, aux abords immédiats de l’aérodrome. Nous volons le long du transit côtier en route inverse, puis décidons de prolonger le transit littoral jusqu’en baie de Marseille.

Le ciel se découvre au niveau de Hyères, laissant apparaitre un CAVOK mitigé, et nous poursuivons un PA32, dont le contact visuel est perdu par intermittence. Verticale de Provence, puis une large base main gauche nous est offerte pour la 32 aux Milles (inhabituel !) qui nous amène à croiser un A320, mille pieds haut, passant juste au dessus de notre tête.

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En base main gauche pour la finale 32, Aix Les Milles

Nous touchons avec un vent calme, et sans nébulosité, satisfaits d’avoir accompli en un seul jour, un petit voyage vers l’Italie !

Et pour finir la journée, le SAMU nous fera la démonstration d’un ravitaillement d’EC135 turbine en marche à la pompe… Impressionnant !

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Consigne de sécurité: conserver la turbine en fonctionnement lors du ravitaillement…

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